Transmutation. Épisode 3 : S’abandonner et vivre.
– « De quoi parles-tu ? »
Les mots sont sortis de ma bouche, véritable logorrhée, une diarrhée verbale. Des paroles sont dispersées, je n’ai même pas pris le temps de respirer.
Soûlée de mes propres paroles, j’ai fini par me taire…
C’est à ce moment-là que la question est tombée : « de quoi parles-tu ? ».
– ?…
Silence.
Mon regard se tourne vers les personnes présentes. Des yeux me fixent, remplis d’incompréhension.
J’ai l’impression que je viens de courir un sprint. Mon souffle est court, installé dans le haut de ma poitrine.
Je ne respire pas. Je suffoque.
Silence.
Les larmes débordent de mes yeux et coulent le long de mes joues.
Dans le silence de la salle, je laisse mon émotion faire son apparition. J’accueille ces larmes qui m’indiquent que l’émotion est trop forte.
L’émotion, mais quelle émotion ? Pourquoi ?
Je n’ai pas de réponse. Je sens seulement les larmes glisser sur mon visage.
– « Que ressens-tu ?
Je respire et porte l’attention dans mon corps.
Surtout ne pas rester dans ma tête, descendre au niveau du corps ; laisser vibrer l’émotion dans mon ventre et ne pas mentaliser. Respirer dans mon centre et ressentir.
– Des bulles chaudes qui mijotent dans mon ventre… …comme si j’avais un chaudron dans mon ventre. J’imagine un gros chaudron avec une substance qui bouille à l’intérieur.
Silence…
– C’est visqueux, comme du goudron, de la mélasse, gluante et noire. Je ne sais pas dire ce que c’est,… ça déborde et… au fond, il y a une lumière, oui, une lumière ou quelque chose de lumineux, que je dois laisser paraître, mais que je ne vois pas. Les bulles débordent de la marmite et laissent remonter, comme un débordement et le contenu s’éclaircit, comme pour me laisser voir ce qu’il y a au fond.
Silence…
Je laisse passer et goûte la sensation qui n’est plus si désagréable. Les larmes s’adoucissent.
Je vis une escalade émotionnelle, forte et puissante. Je la laisse m’envahir…
De la colère ou de la tristesse. De la tristesse transformée en colère…
Je traverse, par mon souffle, cette nuée. Ma respiration diffuse une paix qui s’installe. Le calme arrive. Le chamboulement s’atténue.
Oui, l’émotionnel est bien présent dans ma vie !
Et je choisi aujourd’hui de le laisser se manifester, car l’émotion parle malgré moi si je ne l’exprime pas.
Il est temps d’apprendre à s’écouter pour mieux écouter l’autre !
Il est temps de laisser le grand alchimiste de l’Univers faire son œuvre en moi. Il est l’heure de laisser le divin s’exprimer.
Les émotions sont comme le chaos : après la confusion, s’installe un ordonnancement nouveau et notre perception change.
Accepter de traverser la tempête pour trouver la paix et la lumière, sortir de l’ombre et éclairer le chemin.
Après le chaos, c’est un véritable exode, non décidé, en aveugle qui prend place dans une vie sans désir de vie.*
Cette citation me rappelle que dans ma jeunesse j’ai connu des événements compliqués qui se sont enchainés.
J’ai alors développé une stratégie pour me protéger de la douleur apportée par les émotions. Le désir de non vivre, de se sacrifier à la place de l’autre. Mais il est temps de me laisser traverser par elles et de faire fi du regard d’autrui.
J’ai passé l’âge de recevoir des leçons et de me plier à des injonctions…
J’ai passé l’âge de donner des leçons et de dispenser des diktats.
C’est le moment de faire un choix pour le reste d’une vie et de définir pleinement ce dont j’ai enVie.
Me laisser freiner par mes peurs issues de mes croyances et conditionnements passés ou quitter l’imaginaire pour Vivre ?
Et oui, si j’ai l’air perchée, je veux bien…
Sur mon nuage, ou dans ma bulle au fond de l’eau de l’océan, au fond de la mer… au fond, tout va bien,…et pourquoi pas accrochée à une étoile, et écrire les pages de l’histoire de ma vie.
Mais cela est un autre récit, un autre épisode…
Bonne semaine à toutes et tous…
Isabelle ABBADIE-BAOUSSON
Si vous avez apprécié cet article, n’hésitez pas à vous abonner à ma newsletter en vous inscrivant au bas de cette page.
Merci à vous de diffuser auprès des personnes qui pourraient être intéressées par mes publications.
Image Canva : composition à partir de plusieurs images
*Du chaos à la « vie autre » Jean Bastide – Dans Gestalt 2006/1 (no 30), pages 35 à 46. https://www.cairn.info/revue-gestalt-2006-1.htm