Sutra I-39 Méditer pour calmer les perturbations du mental

Ce sutra propose une dernière manière pour calmer notre mental. Il s’agit de la méditation. Patanjali conclut ici sa liste de propositions.

Sutra I.39 – Yathā-abhimata-dhyānād vā.
“Ou encore, par la méditation sur un objet de son choix’’ *

Yathā, comme, en outre – abhimata, souhaité, agréable – dhyānā, méditation – vā, ou.

 

La méditation, dhyānā, est « l’étape ultime, dans la pratique du Yoga, avant le Samadhi »* rappelle Françoise MAZET dans sa traduction.

La méditation portera sur l’objet de son choix, c’est à dire qu’il colle à la seule décision du pratiquant. Dans cette démarche, l’élève est responsabilisé dans le choix de son support. « L’objet » est souhaité et par conséquent, agréable (abhimata). Il peut s’agir de méditer à partir de l’observation de la nature, d’un objet, d’un animal, d’une musique,… de la respiration, par la prière ou en se tournant vers Dieu pour les croyants. Le calme s’installera parce que la personne aura choisi son support d’attention.  « L’objet », permet de ce concentrer pour atteindre l’état de méditation.

Des sutras I.32 à I.39, Patanjali nous a présenté une liste de possibles qui nous permettent de choisir celui qui nous convient. L’étudiant expérimentera la liberté de choisir à partir des huit propositions qui lui ont été faites. Il est intéressant de se rappeler que le sutra I.32 nous disait de centrer la pratique sur un seul principe à la fois. Cela interroge sur comment utiliser les huit propositions ? Faut-il les expérimenter toutes ou n’en pratiquer qu’une ?

Il est intéressant de ne pas perdre le but de la pratique : calmer les va-et-vient de nos pensées pour entrer dans l’état de yoga.

Cela me rappelle une question d’une de mes élèves sur le fait de suivre plusieurs cours de yoga avec différents professeurs.

Il est peut-être intéressant d’en choisir un et d’expérimenter pendant une certaine période pour voir si sa proposition nous convient ? Une fois le choix fait, pratiquer d’autres cours, de temps en temps avec un autre professeur, permet de découvrir d’autres façons de faire qui peuvent aider à développer notre connaissance.

Pour celles et ceux qui souhaitent expérimenter plusieurs cours, il sera peut-être intéressant d’en choisir un principal qui apportera une base, un socle, avant de tester la pratique avec d’autres. Trop de cours avec trop d’enseignants différents pourraient être contreproductifs : nous souhaitons stopper la dispersion de nos pensées, ce n’est pas en nous dispersant dans de multiples pratiques que nous y parviendrons. C’est un peu comme ces enfants qui choisissent un sport en début d’année et l’abandonnent aussi vite parce qu’il ne leur convient pas. Ils en essayent un autre, puis un autre… Il serait surtout intéressant de chercher à comprendre leur véritable motivation à changer. Qu’est-ce qui se passe pour eux ?

Inversement, ne voir qu’à travers les pratiques d’un seul professeur risque aussi d’être pernicieux, si l’élève s’attache à cet enseignant. Il peut se créer une forme de dépendance au professeur et à son enseignement. L’élève s’attache à la personne et non à la pratique du yoga. Une de mes enseignante me racontait un jour qu’elle avait été surprise quand une de ses élèves lui avait fait la tête parce qu’elle arrêtait ses cours. Cette dernière lui en voulait, car elle se sentait abandonnée. Cet exemple me revient souvent, quand à notre responsabilité vis à vis des élèves qui pratiquent avec nous.

Les yoga-sutras apportent ce niveau de lecture, tant au professeur qu’à l’élève.

Rappelons-nous ici le sutra I.2 : le yoga, c’est l’arrêt des perturbations du mental !

 

Cette semaine, côté coaching :

• Quand je souhaite méditer, quel est mon support de prédilection ?
• Comment j’invite mon mental à se calmer quand c’est nécessaire : par la méditation, en rencontrant mes amis, en faisant une pratique de yoga ou en pratiquant un sport, en me connectant à mes sensations,… ?
• Quand je médite, ai-je une pratique bien établie, ou, au contraire, est-ce que je change de support ?
• Mon choix est-il spontané ou réfléchi ?

 

Cette semaine, côté yoga :

• La posture assise, sur votre zafu, ou sur une chaise.
• Installez-vous confortablement afin de pouvoir rester plusieurs minutes sans bouger.
• Sur la chaise, décollez votre dos de la chaise et ancrez vos pieds dans le sol. Observez que votre colonne vertébrale est bien droite.
• Choisissez un « objet » comme support de méditation et pratiquez, tous les jours, en utilisant le même rituel.
• Observez ce qui se passe pour vous.

 

Bonne semaine à vous.

Isabelle ABBADIE-BAOUSSON

 

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Image Canva

*Traductions Françoise MAZET – Yoga-Sutras Patanjali – Albin Michel – Spiritualités vivantes.