I.35 – La stabilité du mental par l’observation de notre activité sensorielle
Une autre action possible pour calmer notre mental serait l’observation de notre activité des sens.
Sutra I.35 – Vischayavatī vā pravrittir utpannā manasah sthirinibandhinī.
“La stabilité du mental peut aussi venir de son activité en relation avec le monde sensible“.*
Vishyavatī, en relation avec le champ d’expérimentation des sens – vā, ou bien – pravritti, activité du mental – utpanna, vient de – manas, pensée, esprit, intellect – sthiti, stabilité – nibandhinī, cause.
Nos sens nous amènent vers l’extérieur et le sensible. Ils nous relient au monde par l’intermédiaire de nos membres et nos organes sensoriels : les yeux, les oreilles, le nez, la langue et la peau.
Parfois, porter l’attention vers notre intériorité nous est impossible. Notre mental nous amène vers l’extérieur et refuse de se concentrer sur notre respiration ou tout autre support qui permettrait de lâcher l’emprise de nos pensées. Du coup, celui-ci ne peut s’apaiser.
Bien souvent, dans ces circonstances, nous n’arrivons pas à nous concentrer et à diriger notre attention vers une cible. Au contraire, vouloir « fixer » le regard sur un objet nous irrite plus qu’il ne nous calme. Notre égo, parce que c’est bien de lui qu’il s’agit, refuse de se plier à notre besoin de silence.
Cette recherche nous agace bien plus encore.
Alors, pourquoi lutter si nous n’y parvenons pas ?
Patanjali, dans ce sutra, semble nous proposer une alternative nouvelle : utiliser nos sens pour apaiser notre mental qui dysfonctionne.
Ainsi, pour certains, sortir et prendre un temps dans la nature et utiliser les yeux pour regarder l’environnement apaisant est une solution. Pour d’autres, ce sera en humant un parfum ou en touchant une texture agréable.
Observez, par exemple, comment les enfants caressent leur doudou, pour s’apaiser avant de s’endormir.
La détente se fait alors par l’utilisation de nos sens.
Une fois la tranquillité installée, nous pouvons toucher notre intériorité.
Lors d’un week-end Yoga et méditation, alors que nous pratiquions une marche méditative où je proposais d’expérimenter l’attention sur la respiration, une des participantes m’expliqua que, pour elle, cela avait été difficile, voire impossible.
Elle avait préféré se tourner vers le paysage qui s’offrait à son regard, trouvant ainsi une joie profonde par la connexion à la nature. Elle avait éprouvé un grand calme et un relâchement où ses pensées perturbantes avaient fini par disparaître.
À l’inverse, les sens peuvent parfois nous couper du calme et être source de dérèglement. Il est alors intéressant de pouvoir se couper de la cause sensorielle qui nous coupe du calme recherché.
C’est le cas, parfois, quand je travaille à mon ordinateur. J’aime écouter de la musique pour écrire.
Et pourtant, il peut arriver un moment où je ne supporte plus le son, qu’il soit doux ou rythmé. Je deviens agacée et je suis obligée de supprimer l’origine de la perturbation en éteignant, tout simplement, la mélodie.
La stabilité de notre mental vient alors en nous coupant des effets de nos sens.
Ce qui est intéressant, dans cet aphorisme, c’est la mise en conscience de ce qui se passe en nous à travers nos sens.
Ensuite, nous trouvons notre propre solution pour accéder à la sérénité.
C’est ce que le yoga nous propose : être l’acteur de notre quiétude. Patanjali nous évoque différentes voies…
Cette semaine, côté coaching :
- Comment mes sens participent à mon lâcher prise dans ma vie ?
- Comment puis-je utiliser mes sens (l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher et la vue) quand j’éprouve du stress afin de me calmer en conscience ?
- Au contraire, comment sortir de mon asservissement à mes sens pour calmer mon mental ?
Cette semaine, côté yoga :
Plusieurs propositions qui n’ont pas de lien avec une pratique d’asana (posture).
- Prenez du temps pour vous et observez la nature environnante : une fleur, un animal de compagnie, un brin d’herbe, un arbre…
Observez les mouvements, les couleurs, toute pratique personnelle d’attention qui vous déconnecte de vos pensées. - Écoutez une musique ou des sons qui vont calmer le flot de vos pensées.
- La tête posée sur vos mains, massez-vous les joues en faisant des petits cercles pour détendre votre visage. Vous pouvez remonter sur vos tempes avec le bout de vos doigts et ensuite aller sur votre front.
- Allumez un bâton d’encens ou une bougie parfumée et laissez-vous voyager à travers les parfums dégagés.
- Prenez un fruit ou un fruit sec :
– Observez-le : sa couleur, son parfum, sa texture sous vos doigts.
– Prenez le temps de le peler.
– Enfin, portez-le à votre bouche et mordez doucement en laissant votre salive l’imbiber, la texture fondre dans votre bouche.
– Mâchez lentement, jusqu’à ce qu’il devienne liquide pour l’avaler.
– Ressentez comment la déglutition se fait jusqu’à votre estomac.
Recommencez 3 à 5 fois l’ expérience : à chaque fois nouvelle, à chaque fois différente.
Bonne semaine à vous.
Isabelle ABBADIE-BAOUSSON
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Image Canva
*Traductions Françoise MAZET – Yoga-Sutras Patanjali – Albin Michel – Spiritualités vivantes.