Sutra I.12 – Choisir la voie de la paix intérieure : le juste équilibre entre persévérance et abandon de l’action.
Depuis cinq semaines, nous avons découvert les vrittis, ces perturbations psychiques, socles de notre mal-être.
Le sutra I.12 est une première réponse que nous donne Patanjali pour entrer dans la voie du yoga et calmer notre mental.
I.12 Abhyāsa-vaïrāgyābhyām tan-nirodhah
« L’arrêt des pensées automatiques (les vrittis=tan, ceux-ci) s’obtient par une pratique intense dans un esprit de lâcher-prise »*
Abhyāsa, la pratique intense, c’est persévérer dans une voie, malgré les obstacles. C’est cette volonté qui nous habite et nous pousse à nous engager dans l’action.
Nous pouvons l’expérimenter dans tous les domaines de notre vie.
C’est, par exemple, notre décision, en début d’année scolaire, de faire une activité sportive ou culturelle. Nous nous y rendons régulièrement, au début, puis, petit à petit, nous trouvons plein d’excuses pour ne pas nous y rendre. Nous abandonnons notre projet personnel. Pourtant, nous ne démissionnons pas complètement, et nous y retournons, de temps en temps. Nous gardons le cap…
Abhyāsa débute par cette conduite adoptée, qui nous pousse à persister dans la durée, au lieu de laisser tomber. Ensuite, s’installe une régularité, qui devient pratique intense.
Nous sommes tous confrontés à faire un choix, persister ou abandonner, dans différents domaines de notre vie.
Et quand nous soutenons notre action, sur le long terme, nous ressentons une extrême satisfaction, parce que nous avons insisté.
Cette action juste peut nous remplir de fierté et renforcer notre confiance en nous-même et notre estime de soi.
Vaïrāgya, c’est lâcher la passion émotionnelle. C’est accepter d’abandonner l’action et laisser faire ce qui doit se faire.
Laisser les fruits de l’action se produire.
Personnellement, j’y suis confrontée assez régulièrement quand j’écris.
C’est un phénomène qui se répète dans ma vie et sur lequel je dois rester vigilante.
Je suis capable de m’impliquer dans l’écriture au point de ne pas faire de pause.
J’en oublie assez régulièrement l’heure et celle des repas, au point que cela devient un sujet de discussion avec mon mari.
Abhyāsa-vaïrāgya, c’est, pour moi, la constance que je mets à écrire toutes les semaines, l’obstination de l’entrepreneuse dans le développement de mon activité. Mais c’est la conciliation que je dois faire en moi pour m’octroyer des temps de pause, prendre soin de moi. C’est aussi intégrer les aléas dans une activité professionnelle d’indépendante, comprendre et accepter que je ne peux pas tout contrôler.
Mettre en place les actions justes et savoir attendre les fruits de ces actions en s’en remettant à plus grand que Soi…
Cette semaine, je guide votre réflexion :
Côté coaching :
- Comment je m’implique dans une activité ?
- Quelles sont mes attentes quand j’entreprends une action ?
- Quelle est l’impact de la persévérance dans mon quotidien ?
- Quels peuvent être les effets d’une trop forte persévérance ?
- Comment le lâcher-prise peut-il être un atout dans ma vie ?
- A quel moment peut-il devenir un inconvénient ?
- Comment équilibrer action, non action dans ma vie ?
Côté yoga : Samasthiti, l’homme debout.
Cette posture nécessite un maintien ferme et équilibré : elle est « simple » mais demande et apporte une grande présence à soi.
Elle est le juste équilibre entre « agir » et « non-agir ».
Un Temps pour Soi dans votre journée.
- Debout, les jambes écartées de la largeur du bassin, pieds parallèles, bras le long du corps.
- Progressivement, en inspirant, faites pivoter vos mains, paumes vers l’avant.
- Su chaque inspiration, les mains s’ouvrent un peu plus et restent immobiles sur l’expiration.
- Les mains sont tournées vers l’avant, entraînant l’ouverture des épaules et de la cage thoracique.
- La poitrine ouverte, inspirez et amenez votre attention dans la respiration au niveau du cœur, expirez et descendez votre regard intérieur sous vos pieds.
- Vous vous ancrez dans le sol en krama (progressivement).
- Ensuite, réduisez le champ de l’attention en inspirant au niveau du cœur et en expirant dans le ventre.
- Petit à petit, vous vous installez dans une respiration au niveau de votre cœur.
- La présence est au relâchement des tensions dans les espaces contractés en s’installant dans une respiration calme.
Bonne semaine à vous.
Isabelle ABBADIE-BAOUSSON
*Traduction Françoise MAZET – Yoga-Sutras Patanjali – Albin Michel – Spiritualités vivantes.
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Image par Mark Brodie de Pixabay