L’inspiration, souffle de révélation…

Depuis le premier janvier, j’ai décidé de revenir sur les Yoga-sutras de Patanjali dans la traduction de Françoise MAZET, et d’observer leur application dans ma vie, tant sur l’aspect personnel que professionnel. J’ai souhaité les présenter à ceux qui veulent découvrir le yoga, au-delà d’une simple pratique d’une activité corporelle.

La semaine dernière, j’ai proposé ma réflexion sur les yoga-sutras I.24 à I.26, mais aujourd’hui, j’éprouve le besoin de faire une pause dans cette recherche personnelle. Dans cette sorte de quête…

Toute cette semaine j’ai repoussé le moment d’écrire, ne sachant pas comment aborder les sutras suivants. En effet, nous sommes au cœur de la spiritualité, et j’éprouve des difficultés à m’exprimer sur ce sujet qui me paraît très intime.

Voilà trois jours que je réfléchissais et rien ne venait.

Connectée à mon cerveau, ma tête phosphorait en ne laissant plus de place au corps, les pensées envahissant tout mon être, figeant mon mental sur un seul objectif : parler du sutra suivant.

J’ai donc décidé de mettre de l’espace entre l’écriture et moi, de ne pas chercher à exprimer. J’ai choisi de stopper toutes mes activités dites « intellectuelles », m’obligeant à l’immobilisme et à ne faire rien.

J’ai pris le parti de me coucher dans la posture de yoga, shavāsana, plusieurs fois par jour. À même le sol en ces temps de chaleur, j’ai tenté de mettre mon cerveau au repos. Allongée sur le parquet frais, les volets légèrement fermés, dans la pénombre du bureau, j’ai observé le rien.

 

Là, le voyage commence…

Le contact des carreaux de bois sous mon dos, la fraîcheur le long des bras et derrière les jambes, je ressens les trapèzes, mon épaule me fait mal et la douleur remonte jusque dans mes cervicales. La montée des tensions est perceptible jusque sur la première cervicale, celle que l’on surnomme atlas parce qu’elle supporte le crâne et le cerveau. Ah justement, ce léger mal de tête, ces tensions de la boite crânienne jusque dans les tempes.

Allez, à défaut d’inspiration littéraire, j’utilise l’inspiration physiologique pour venir régénérer cette zone et l’expiration vient s’appliquer tel un baume dans les zones tendues de mes muscles. Inspiration, ma poitrine s’ouvre, mon cœur se libère, l’espace se crée. Expiration, la raideur des muscles du cou s’estompe. Je recommence, j’inspire, ma poitrine s’ouvre, mon cœur s’illumine,… j’expire, la pression dans les trapèzes relâche…

Selon la voie du yoga, je respire. Je visite ainsi, portée par le souffle, mes parties douloureuses des orteils aux cheveux, des ongles aux dents. J’explore toutes les parties de mon corps endolori, effectuant une odyssée confidentielle dans l’immobilité. Peu à peu, les contractions se défont, me laissant pénétrer au cœur de mon souffle. L’énergie circule, me transporte, me libère…

Le silence se fait.

Les cigales, dans le parc de la résidence chantent. La fontaine gazouille doucement sur le balcon. Mon esprit est de nouveau happé par l’extérieur et mes sens m’entrainent vers ce monde bruyant et coloré.

Et là, mon âme d’enfant réapparaît, les sons et les odeurs sont présents, dans le lointain, comme un doux murmure bienveillant. La porte du frigo s’ouvre. C’est Jérôme qui prépare notre bon repas. C’est loin. J’ai tout mon temps, un temps pour moi, un Temps pour Soi.

Le silence est là.

 

Plus rien ne m’atteint. Je suis au contact de mon âme. Je suis là, vivante. Je suis…

Je reviens lentement de mon voyage intérieur, et je réalise soudain que je viens de vous parler de ce qui pendant plusieurs jours me paraissait si intime. Finalement, parler de spiritualité, c’est nommer ce qui nous relie les uns les autres. C’est ce discours intérieur qui unit tous les hommes. C’est la voie et la voix de l’Amour. Le souffle divin.

 

Bonne semaine à vous.

Isabelle ABBADIE-BAOUSSON

 

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