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La redevabilité et l’amour…

- Temps de lecture : 3 minutes

« Il a marié la Juliette », la délivrant d’une servitude familiale…

Qui n’a jamais rencontré dans sa famille, la personne « sauvée » par le mariage ?

C’est l’histoire de cette grand-mère, qui promise à la corvée de ménage et de service, fut sauvée par le mariage avec le gars du pays qui rentrait de la guerre, amoché par un éclat d’obus.

C’était la guerre de 1914-1918, aînée d’une fratrie de quatorze enfants, elle était descendue de son Oise natale, fuyant la guerre en laissant sa famille. Personne ne savait pourquoi elle était descendue seule. Pourquoi laisser derrière elle ses parents, ses frères et ses sœurs ? Mais elle était là, dans cette ferme des Hautes Pyrénées, face à cet inconnu qui revenait de Verdun.

Il était rentré, blessé à la jambe lors des guerres de tranchées. Il regagnait sa vie d’homme, comme si rien n’était arrivé.

Pourtant, pendant son absence, il s’en étaient passées des choses : sa femme avait été frappée par un ivrogne venu chercher la bagarre dans le café familial. Elle était décédée des suites de ses blessures.

Il fallait maintenant reconstruire. Elle, se prénommait Cécile, ma grand-mère paternelle ; lui, Eugène, mon grand-père.

Lui, je ne l’ai pas connu, décédé quelques mois après le mariage de mes parents. D’elle, je garde le souvenir d’une femme triste, chargée du poids des misères de la vie.

 

On ne parle pas de l’amour, on le montre comme on peut…

D’eux deux, j’ai imaginé une vie lourde d’événements familiaux, partageant les deuils et les épreuves, en silence. J’ose croire qu’ils étaient l’un envers l’autre engagés par amour. À moins qu’ils ne fussent, l’un à l’autre, assujettis par une forme de redevabilité pour s’être sauvés par leur rencontre.

Et c’est là qu’entre en moi le questionnement de la place de l’amour dans le couple, et dans leur couple en particulier.

Dans ces familles anciennes, on ne parlait pas de cela. On vivait au présent, inculquant aux aînés le devoir d’aider à élever les suivants, et aux petits de se soumettre à la volonté des plus grands. C’était ainsi.

« La vie est ainsi » , pourrait-on dire aujourd’hui. Pourquoi essayer de comprendre, quand ce qui est vécu est trop lourd à partager. Il suffit de vivre et d’aider : une façon de montrer l’amour, de prouver son amour.

De manière sous-jacente, je peux imaginer qu’une confusion s’est installée : « je t’ai donné la vie et tu m’en es redevable ». C’est grâce à cela que la descendance perdure.
Au fur et à mesure des générations qui défilent, viennent des injonctions du type : « fais ça pour moi. Tu seras gentille ». C’est ainsi qu’il faut vivre : je te donne pour que tu me donnes.

 

Confondre amour et redevabilité

En réponse à ces ordres induits, j’ai inscrit dans ma vie une forme de dépendance à la reconnaissance de mes actions. Je donnais pour recevoir, ne sachant pas donner pour donner. J’ai donc développé un comportement qui m’a longtemps amenée à attendre des autres une réponse, un retour.

A force de souffrances dues à l’absence de reconnaissance que je ne recevais pas, j’ai compris que je confondais donner et recevoir, amour de l’autre et amour de moi.

J’ai appris à me donner à moi-même ce dont j’ai besoin. J’ai appris à ne pas attendre de retour de l’autre et surtout pas de reconnaissance. Finalement, de la reconnaissance au jugement de l’autre, n’y a-t-il pas qu’un pas, voire un simple lien ? Si j’attends que l’autre me dise « c’est bien », cela veut-il dire que ce pourrait être mal ? Et si c’est mal, pour qui et selon quel critère ?

Si nous apprenions à être responsable de ce que nous disons et de ce que nous faisons en nous libérant du regard de l’autre ?
Si, pour nous libérer des entraves du passé, nous commencions par nous donner la liberté de faire de l’auto-reconnaissance comme de l’auto-empathie ?
Et si c’était ça, la liberté ?

Si nous apprenions à donner pour donner, comme France Gall et Elton John le chantaient en 1990 :

« Donner pour donner
Tout donner
C’est la seule façon d’aimer
Donner pour donner
C’est la seule façon de vivre
C’est la seule façon d’aimer »

Bonne semaine à vous.

Isabelle ABBADIE-BAOUSSON

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