Jugements et conditionnements
Ce soir, je suis en colère !
Et étant en colère, je suis en colère d’être en colère… Cherchez le « blème ».
Pourquoi, me direz-vous ?
Parce que je suis confrontée à mes défauts de jugement de l’autre et de rejet.
Savez-vous que je suis en vacances dans une région merveilleuse que nombre de personnes m’enviraient de visiter : la Martinique. Mais, voyez-vous, depuis quatre jours que nous sommes arrivés, nous venons de retourner dans la famille que nous n’avions pas vue depuis fin 2019. Cette réintégration m’a mise en contact avec des émotions primaires liées à mes conditionnements.
J’entends certains m’expliquer que ce n’est pas grave et que nous ne sommes là que pour quelques jours, que je dois profiter au maximum des vacances.
J’en conviens.
Cependant, la vie s’est écoulée et le temps nous a fait évoluer. Définitivement, nous ne pratiquons pas le chemin de vie de la même manière.
Un chemin identique, mais des étapes différentes…
En tant qu’être vivants, nous avons tous une route à suivre. Nous commençons pas naître, puis grandir et prenons de l’indépendance à l’adolescence. Nous arrivons à l’âge adulte et nous obtenons un premier travail. Nous rencontrons la personne avec qui nous aurons des enfants avant de les voir partir, pour créer un nouveau temps de vie, où nous réapprenons à vivre pour nous-même. Enfin, le moment de la retraite professionnelle arrive, nous menant sur le chemin de la vieillesse, jusqu’à la mort.
Ce long cheminement est en théorie le même. Mais pour tous, il sera différent. Comme lors d’une randonnée, certains prendrons des sentiers, d’autres des traverses ou encore des pistes. Nous pouvons dire que notre parcours est similaire, mais la voie est différente.
Ce que nous avons tous en commun, ce sont des pratiques, des croyances et des comportements acquis en fonction de notre éducation, de notre culture. Ensuite, nous construisons notre personnalité en fonction de notre histoire individuelle. Calqués sur notre famille, nous expérimentons la vie et découvrons l’autonomie. Nous nous libérons de croyances familiales et nous allons garder ce qui nous convient, rejeter ce qui nous correspond moins.
Ce processus d’autonomisation nous amène à nous différencier de nos parents puis de nos enfants.
Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Matthieu 7:3-5
C’est ici que l’émotionnel vient s’inviter en grande quantité.
Quand vous vivez éloignés et que vous n’évoluez pas au même rythme, selon les mêmes repères, il y a fort à parier que l’écart se creuse. Et là où nous parlions de sujets en embrassant des idées identiques, nous pouvons observer qu’un fossé se transforme en abîme. Nos référentiels ont changé !
C’est pourquoi, aujourd’hui, mes émotions m’ont alertée.
J’ai choisi, depuis plusieurs mois, de travailler sur ce que je considère comme un défaut chez moi : ma faculté de jugement. Ainsi, ayant par nature la langue bien pendue et la vision aiguisée pour ce qui ne va pas, j’ai décidé de me taire sur les affaires d’autrui. J’essaye de ne plus exprimer à voix haute des critiques ou des jugements sur des personnes absentes, essayant de taire ce qui ne me convient pas.
Et depuis quatre jours, j’entends parler de la famille, de untel qui a fait ou dit quelque chose, qui a tel genre ou telle attitude…
Bref, ce qui chez moi engendrait des discussions à n’en plus finir, vient aujourd’hui heurter mes oreilles.
J’éprouve donc de la colère envers « ceux qui disent », pour les critiques entendues. N’y a-t-il pas d’autres choses à dire ou à faire ? Quitte à se taire. Et c’est ce que je fais. Mais l’irritation monte. Elle m’amène à juger, en mon fort intérieur, ceux qui expriment à voix haute leurs avis sur tout et sur rien, enclenchant un effet boomerang jugement vers jugement.
« Ça me chatouille, ça me gratouille, ça me donne des idées », chantait Annie Cordie dans la Bonne du curé.
En réalité, cette irritabilité intérieure relève davantage d’une animosité, d’une exaspération envers moi-même. Je ne parviens pas à ne pas juger. Je passe mon temps à me taire et à cataloguer dans ma tête les personnes qui se racontent. Je ne parviens pas à me libérer de ce conditionnement.
Ne pas juger et accepter l’autre.
Finalement, je suis mise à l’épreuve par la vie. Je fais une expérience de rencontre et de découverte de moi. Le meilleur endroit pour travailler sur soi, c’est la famille. Je constate que j’ai encore beaucoup de route à faire. Le trajet actuel est un bon test de mise en pratique.
Et si je commençais par m’accepter moi, avec cette capacité à voir ce qui ne vas pas ? Si je commençais pas accepter mon humanité ? Si j’optais pour la simplicité en regardant la poutre dans mon œil au lieu de la paille dans celle du voisin ?
Cesse cet orgueil, Isabelle ! Accepte donc la vérité : tu as jugé, tu juges et tu jugeras…
Ensuite, tu peux encore te taire, écouter et choisir de ne pas exprimer tes pensées par amour et par respect d’autrui.
Pourquoi tant d’émotion pour quelque chose qui n’en valait pas la peine ?
En fin de compte, je viens de découvrir une superbe réalité : si nous voulons évoluer et nous accoutumer à accepter l’autre dans sa différence, c’est dans la famille que nous avons la meilleure terre à labourer pour apprendre à cultiver paix et amour.
Bonne semaine à vous.
Isabelle ABBADIE-BAOUSSON
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