Fidèle à vous-même, soyez vrai !

Ce matin, en panne d’inspiration, j’ ai eu l’idée de tirer une carte d’ oracle pour trouver le thème de mon écrit.*

Soyez fidèle à vous-même !

Être fidèle à soi-même, être vraie…

Combien de fois, cette semaine, ai-je pris le temps d’ être moi-même ? Quand ai-je laissé s’ exprimer mon fondement, mon être profond, ma conscience, le divin en moi ? L’ ai-je même fait ?

Je regarde mon programme : animation de deux jours de formations, accompagnements d’ étudiants en école de commerce,… J’ ai guidé deux cours de yoga hebdomadaires, établi mes factures, relancé mes impayés, échangé des SMS et des mails,… Je suis allée nager au TMP (mon club de nage avec palmes), j’ ai rencontré une de mes pairs pour un projet, vu mon gynécologue (la révision annuelle), fait le grand ménage d’ automne (celui avant de rentrer dans l’hiver),… J’ ai croisé des voisins avec qui j’ ai discuté, retrouvé la famille,…

Eh bien ! dans tous ces moments, suis-je resté fidèle à qui je suis ? À vrai dire, je n’ en sais rien.

En y réfléchissant bien, j’ ai eu l’ impression d’ être moi-même lorsque j’ ai pris du temps pour moi.

Ainsi, quand j’ ai décidé d’aller nager et que je me suis retrouvée dans l’eau, suivant les indications de l’entraîneur, j’ ai enchainé les exercices au rythme de ma respiration. Le regard glissant sur le fond de la piscine, j’ ai vécu un pur moment de joie sans objet, en contact avec mon Êtreté. Je suis…

Un autre jour, j’ ai pris mon tapis de yoga, me laissant guider par mon souffle afin d’apaiser une colère, parvenir à discerner sans me laisser emporter par mon émotion. Je suis…

Une fois, j’ ai pratiqué une séance pour calmer les douleurs dans mon dos. J’ ai observé pour relâcher les tensions emmagasinées dans mes épaules jusqu’ aux omoplates. Mon corps s’ est détendu. J’ ai terminé en posture assise pour méditer : faire taire le flot de mes pensées, entendre la clameur intérieure, se calmer, puis le silence,…enfin la paix. Je suis…

Fidèle à moi-même, je l’ ai été dans ces actions solitaires. Expérimentant la présence à moi-même. Je suis…

Il est facile de tomber le masque quand je me trouve seule, retirée du regard de l’autre.

Dans le contact à l’autre, il est plus difficile d’être vraie.

N’ ai-je pas tendance à fixer sur mon visage l’image de la « gentille petite fille » ? Guidée par la peur face à une forme de violence issue d’un monde en manque d’ attention, je porte le masque pour dissimuler mon émoi. Conditionnée – «il n’ est pas joli de se mettre en colère» – je masque ce trouble : surtout « ne pas paraître méchante » surtout, « ne pas être mauvaise ».

La peur me pousse à ligoter mes émotions. Que pourrais-je déclencher si j’ exprimais mes perceptions ?  Que devrais-je affronter si
j’ exprimais mes sentiments ?

En revisitant ma semaine, je prends conscience que les émotions dirigent le monde. Elles nous poussent à agir, dictant nos comportements, commandés par nos conditionnements.

À quels moments aurais-je dû exprimer les émotions qui m’ animaient pour rester fidèle à moi-même ?

Souvent certainement !

Pourtant, ce qui m’ apparaît, à l’ instant où j’ écris ces quelques lignes, c’ est que je n’ aurais jamais pu partager ces idées si je n’ avais pas pris le temps de m’ arrêter.

La réalité, aujourd’hui, est que nos pensées guident nos actions. Nous fonctionnons en mode « le monde où tout va toujours plus vite ».

Je rencontre, tous les jours, des tas de gens qui se plaignent de ne pas avoir le temps. Il s’ agitent tous, dans tous les sens, et j’ observe cette masse comme engluée dans un monde rapide et sans saveur…

Mais pourquoi agissons-nous de cette manière ?

Nous sommes tellement pris dans le flot de nos pensées que nous nous sommes coupés de notre essence, laissant notre mental prendre le pouvoir.

Le cerveau, siège du stockage de la pensée, agit tel un processeur en surchauffe.

À trop penser, nous ne nous écoutons plus !

Nous nous laissons porter par les jugements d’ autrui.

Plus exactement, nous imaginons ce que les autres pourraient penser de nous et nous agissons en fonction de ce que nous pensons que les autres pensent que nous devrions penser, faire ou dire.

Nous devenons notre propre tortionnaire.

Nous devenons pensées et nous mutons bourreaux. Des verdicts tombent sur la vie que nous devrions avoir et que nous n’ avons pas !

Nos devoirs et attentes envers le monde dans lequel nous évoluons, guident nos actes. Nous ne vivons plus, envahis par le flot de nos pensées.

Nous devenons zombis se nourrissant d’informations délirantes, déversées par des réseaux sociaux de plus en plus asociaux.

Oubliant la générosité, le temps de vivre, nous courons toujours plus vite, nous coupant de notre essence, de la vie, de l’amour.

Assoiffés de matérialité, nous en oublions la réalité.

Nous nous désaccordons de notre humanité. Nous accumulons des infos, des possessions, des « toujours plus » afin de combler un vide que nous refusons.

En réalité, nous souffrons du trop-plein de tout. Le vide fait peur, et nous continuons à toujours vouloir plus posséder, tels nos ordinateurs qui stockent toujours plus d’informations…

Nous traitons l’humain en process : DESC, DiSC, OSBD, SMART, SWOT**,… Autant d’ acronymes qui nous coupent de nos sensations.

Coupés de notre essence, portés par l’ amertume, nous refoulons nos troubles, les repoussant au plus profond de nos entrailles.

Pour essayer de comprendre, certains ont travaillé sur les émotions.

Mais l’ égo étant puissant, là encore, il s’ est emparé de leur esprit. Faisant croire, à qui veut l’ entendre, que les émotions pouvaient se gérer, nous parlons de « Soft Skills » (compétences « douces » traduites de l’anglais par compétences générales).

Gérer signifie administrer, diriger (Larousse).

Les émotions ne se gèrent pas. Elles s’ accueillent !

Des certifications pour former à l’ intelligence émotionnelle existent. Comme si nous pouvions acquérir des techniques, tels de nouveaux process…

Nous analysons, disséquons, comprenons. Ce sont des concepts issus des neuro sciences. C’ est très intéressant. Mais ce n’ est pas avec notre raisonnement que nous pourrons nous défaire des sentiments qu’ elles engrangent en nous.

Que ressentons-nous ? Que vivons-nous ?

Les émotions ne se gèrent pas. Elles s’ accueillent…
Les laisser pénétrer, traverser les troubles qu’ elles engendrent, puis se libérer de leur emprise.

Les intégrer dans notre vie, comme le signal d’ alerte de notre incapacité à vivre notre humanité, est un bon début.

Pour cela, il est nécessaire de savoir s’ arrêter pour se régénérer.

« Le yoga, c’est l’ arrêt des perturbations du mental », Sutra 1.2 des Yoga Sutras de Patanjali***

Le yoga est un outil puissant qui permet de ressentir notre corps et nos émotions. Il permet de se libérer de l’ emprise de nos pensées.

Notre corps agit tel un récepteur et émetteur d’informations.

Il parle de notre inconscient et ouvre notre conscience. En bloquant nos ressentis physiques, nous verrouillons l’ information. Nous fermons la communication à soi, à l’ autre.

Taisant nos émotions, nous étouffons.

Finissant par exploser, la violence qui nous faisait si peur prend la place d’une saine colère. Les non-dit deviennent des maux agissant tels des mots.

Pour s’ en défaire, arrêtons-nous ! Posons-nous et acceptons d’ affronter nos peurs intérieures pour nous en libérer.

Alors, seulement, notre force intérieure agira et portera une action juste.

Nous pourrons vivre en unité avec notre humanité et notre âme agira dans la vérité.

Je serai Vraie.

Être vraie, c’ est accueillir mes émotions, les assimiler, les digérer.

À ce moment-là, je suis fidèle à moi-même.

 

Bonne semaine à vous.

Isabelle ABBADIE-BAOUSSON

 

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*L’ORACLE DES ÉNERGIES DIVINES, de Sonia Choquette, édition Exergue.

** DESC, DiSC, OSBD, SMART, SWOT : DESC = Décrire, Exprimer, Spécifier, Conclure.
DiSC = Dominance, Influence, Stabilité, Conformité. OSBD = Observer, Sentiment, Besoin, Demander. SMART = Spécifique, Mesurable, Acceptable/Atteignable, Réaliste et Temporellement défini. SWOT = Strengths, Weaknesses, Opportunities et Threats (forces, faiblesses, opportunités et menaces en Français).

*** Traduction Yoga-Sutra de Patanjali par Françoise MAZET, Spiritualités vivantes, Albin Michel, février 1991.