Apnée : première expérience du câble
APNÉE
Article publié sur Linkedin le 28 octobre 2020
Qui parmi nous a rêvé devant ces femmes et ces hommes qui plongent le long d’un câble pour rejoindre les profondeurs en suspendant leur souffle ?
Eh bien, j’ai eu la chance de faire cette découverte de l’apnée en mer !
Sylvain BES, instructeur et créateur de son école Ωmniblue Freedive à Saint-Cyr-Sur-Mer, m’a accompagnée, le 1er octobre dernier.
Pourquoi vous en parler ?
Parce que cette expérience m’a mise face à face avec moi-même. Il a fallu que je lâche le connu pour pénétrer dans l’inconnu…
Que s’est-il passé ?
Tout d’abord, Sylvain m’a initiée aux techniques et aux gestes à effectuer. Là, c’est sur terre : à sec !
Respirer, une respiration ample du ventre à la poitrine, yogique, pour aller vers le calme intérieur et le silence. Prendre la dernière inspiration, totale. Puis retenir le souffle, poumons pleins, et lâcher toutes les tensions.
Découvrir les sensations en moi. Observer la venue des spasmes – et des différents effets liés à la consommation de l’oxygène par l’organisme et l’accumulation du CO2 dans les poumons et les tissus.
Cette irrépressible envie de respirer… et accepter.
Écouter ce que me dit mon corps, pas mon ego. Faire preuve d’humilité : ne pas forcer.
Être juste là, ressentir et écouter… pour voir le moment où il faut lâcher, pas de compétition.
Respirer à nouveau, ou plutôt expirer,…
Puis ventiler, en inspirant fortement par le haut et non plus par le ventre et expirer bruyamment.
Enfin, terminer par le geste qui signifie à mon coéquipier « tout va bien »
Une deuxième fois,
Mon instructeur me fait refaire l’exercice en me demandant de visualiser ce qui se passera tout à l’heure dans l’eau :
tout d’abord, il me raconte la plongée et me mime la scène. Il me guide doucement afin que je l’intègre.
Ensuite, c’est à moi.
Allongée, les yeux fermés, je vis la séance en faisant chaque geste, comme cela m’a été présenté : l’attente, la préparation, la dernière inspiration, la retenue du souffle, puis sortir le tuba, la compensation, la descente…
Des sensations : je descends et en même temps je ne respire pas.
L’impression d’avoir envie de respirer se fait sentir, légère, alors je décide de remonter, surtout, ne pas forcer… Je sors, la bouée, j’expire, je ventile, le geste.
Tout cela sans être dans l’eau. Expérience neuve : plénitude et joie. Réussite.
« x » temps de suspension du souffle. Mais ce n’est pas dans la durée que se trouve le challenge à ce stade de ma découverte. Il n’y a pas de compétition. Juste apprendre… et écouter.
Mais apprendre quoi ?
Tout d’abord, la confiance en l’autre.
J’ai dû apprendre à lâcher le contrôle que j’exerce dans mes activités pour me laisser guider dans l’inconnu et de nouvelles manières de respirer. Retenir son souffle pendant plusieurs secondes n’est pas sans risque, même si celui-ci est limité quand on est formé, préparé et accompagné.
Dans nos activités professionnelles, nous sommes confrontés à l’inconnu, et souvent nous préférons garder le contrôle, par peur des réactions de nos collègues, collaborateurs, ou clients…
Et alors nous forçons notre mental à se plier à des situations inconfortables, par peur de passer pour des incompétents ou peur d’échouer,… Nous connaissons notre domaine de compétences et ressentons nos limites, mais faire appel à quelqu’un d’autre pourrait « nous mettre en danger ». Nous laissons notre imagination nous guider au lieu de faire confiance et se laisser guider.
Et si nous acceptions de faire confiance aux autres et à leur capacité à faire preuve d’écoute et d’empathie, à nous aider ?
Ensuite, l’écoute de soi.
Apprendre à détecter le moment où il est bon de lâcher-prise. Reprendre la respiration sans essayer de prolonger plus que nécessaire une expérience inconfortable.
Dans nos métiers, combien de fois nous mettons-nous en situation délicate parce que nous ne savons pas lâcher-prise ? Que ce soit vis-à-vis d’un dossier à rendre, ou un rendez-vous, nous allons souvent au-delà de nos limités, perdant en efficacité, rattrapés par la fatigue. Nous risquons alors de perdre en discernement, d’user notre énergie, de tomber malade.
Accepter la progressivité, refuser l’immédiateté d’un résultat : aller doucement dans les découvertes des sensations nouvelles. Nous avons des objectifs à atteindre. Il est intéressant d’accepter d’y aller petit à petit et par paliers avant d’obtenir le résultat souhaité.
En entreprise, la question de rester en vie ou non ne se pose pas. Mais si nous décidions de vivre l’entreprise comme une plongée en apnée, alors peut-être accepterions-nous de ne pas avoir des résultats immédiats pour ne pas se mettre en dette vis-à-vis de notre santé et notre vie professionnelle. Peut-être accepterions-nous juste le résultat nécessaire et non le profit exagéré. Ne pas aller au-delà des limites, sources de souffrance, voire de mort.
Enfin, accepter de ressentir de l’inconfort dans certaines situations.
L’absence de ventilation pendant l’apnée entraine les spasmes diaphragmatiques, des contractions musculaires, très désagréables. Notre organisme nous demande de respirer. Respirer sous l’eau nous serait fatal. Mais l’homme peut interrompre sa respiration et tenir, de manière consciente, une fonction qui habituellement est végétative. Expérimenter. Nous quittons alors notre zone de confort. Et finalement, nous pouvons supporter un peu plus l’inconfort pour découvrir d’autres sensations.
En entreprise, nous devons parfois accepter des situations inconfortables face à un client, un collègue, parce que nous n’avons pas compris, écouté ou lors de conflits. Accepter l’inconfort et accepter de poser les choses, même désagréables. Elles sont souvent source d’avancée dans la relation à l’autre.
Accepter de regarder ce qui se passe et voir comment nous pouvons accueillir ce qui pose problème, qui est source de discorde. Alors cette écoute-observation va permettre de parler, de communiquer. Laisser passer les tensions et enfin profiter de l’échange, du moment privilégié du partage, source de création de solutions.
Lâcher l’égo pour être et non paraître…
Dans mon prochain rendez-vous, je vous parlerai de la partie découverte lors de la plongée en mer…
Bonne semaine à vous.
Isabelle ABBADIE-BAOUSSON
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Image Sylvain BES – OMNIBLUE FREEDIVE